Discours pour les 50 ans du Parti socialiste jurassien
Raphaël Ciocchi – Président du PSJ – 3 mai 2025 – Restaurant du Jura, Bassecourt.
Mot d’accueil / Salutations
Madame la Co-présidente du Parti socialiste suisse, Chère Mattea,
Monsieur le Vice-président du Parti socialiste suisse, cher Baptiste,
Madame la Conseillère fédérale, Chère Elisabeth,
Mesdames et Messieurs les élu-e-s aux niveaux fédéral, cantonal et communal,
Mesdames et Messieurs les membres présents à la fondation du Parti socialiste jurassien,
Mesdames et Messieurs les anciennes Présidentes et anciens Présidents de parti,
Mesdames et Messieurs les membres et sympathisants du PSJ,
Chères et chers camarades, permettez-moi de vous saluer chacune et chacun très cordialement en vos titres et qualités. C’est avec une immense fierté que je m’exprime devant vous ce soir.
Discours
C’était le 3 mai 1975, ici-même, dans un Restaurant du Jura plein à craquer — 150, 200, peut-être même 250 personnes, peu importe le chiffre exact : ce qui compte, c’est la ferveur qu’il y avait dans la salle.
Ce jour-là, il n’y avait ni smartphones, ni publications sur les réseaux sociaux. Mais à écouter les récits et notamment un livre publié récemment aux Editions du Nord, il y avait du feu dans les yeux et du rouge dans les veines. Ce jour-là, le Parti socialiste jurassien était fondé. Le tout premier parti politique structuré à l’échelle du tout nouveau canton.
Mais plus qu’une fondation administrative, c’était une « déclaration de rupture ». Dans leur « Déclaration fondamentale », nos camarades fondateurs ont écrit ces mots, qui n’ont pas pris une ride, je cite :
« Le PSJ affirme que la libération de l’humain ne dépend pas seulement de la reconnaissance formelle d’un certain nombre de droits politiques. Elle est intimement liée à la réalisation de conditions économiques, sociales et culturelles […]. Le PSJ entend donc insérer son action dans une stratégie de rupture avec le capitalisme. »
Ce texte n’était pas du langage militant : c’était un programme de transformation sociale, ancré dans la réalité jurassienne. Et pour incarner cette vision, deux hommes se sont plus particulièrement levés.
Le premier. Pierre Gassmann, enseignant à l’École professionnelle de Delémont, conseiller national, conseiller aux Etats, membre de l’Assemblée constituante…. Et bien sûr premier président du PSJ. Un homme droit, exigeant, fidèle à ses idées comme à ses camarades. Il a porté la parole socialiste au plus haut niveau, sans jamais cesser d’être un homme du terrain.
Le deuxième. Gabriel Nusbaumer, sociologue, fin analyste des rapports sociaux, futur chef de la santé de notre canton… et bien sûr premier secrétaire du parti. Il a mis son intelligence et sa plume au service de la cause, avec discrétion mais détermination.
Ils étaient différents, mais complémentaires. Ensemble, et entouré de plusieurs militantes et militants, ils ont donné une forme et une âme à ce projet que nous poursuivons aujourd’hui.
Ce jour-là, sans le savoir, ils ont planté un arbre. Et cinquante ans plus tard, nous sommes là, sous ses branches solides. À l’ombre de leurs idées. À la hauteur de leur engagement.
Alors aujourd’hui, permettez-moi d’avoir une pensée particulière pour Pierre dit « Peyo » et Gabriel dit « Souslov » et de saluer leurs épouses Mamousse Gassmann et Pierrette Nusbaumer. À leur courage. A leur audace.
Depuis ce jour de mai et pendant 50 ans, des générations de camarades ont tenu le cap, malgré des vents contraires, pour faire vivre un parti qui dit non à la résignation, non à l’injustice, mais oui à la solidarité, à l’égalité, à la dignité.
Je pense par exemple à nos élu-e-s à tous les niveaux qui :
- ont porté et portent haut la voix des travailleuses et des travailleurs.
- ont défendu et défendent sans relâche les services publics, la justice sociale, l’égalité entre femmes et hommes, le droit de vivre dignement.
Mais je pense surtout à toutes celles et ceux qu’on ne verra jamais dans les journaux, et qui pourtant sont l’ossature vivante de notre parti. Celles et ceux qui, année après année, ont fait preuve d’un engagement sans faille :
- toujours présents pour coller des affiches,
- toujours disponibles pour distribuer des tracts et récolter des signatures,
- ou toujours prêts à se retrouver dans un salon, une cuisine, voire une remise pour écrire des cartes lors des campagnes électorales et refaire le monde autour d’un verre.
Je suis un fruit parmi d’autres sur cet arbre planté il y a 50 ans. J’ai commencé comme simple militant, puis député, ensuite conseiller communal et enfin, président du Parti socialiste jurassien. Des postes qui m’ont appris la réalité concrète des engagements. À chaque étape, j’ai vu ce que ce parti avait de plus précieux :
- Des gens vrais. Pas des carriéristes. Pas des figurants.
- Des camarades. Des amies et des amis. Une famille politique.
Bien sûr, nous ne sommes pas parfaits, tout n’a pas toujours été facile et nous avons aussi eu nos périodes de doutes et de désaccords. Cela arrive même dans les meilleures familles.
Mais ce qui doit nous rendre fiers aujourd’hui, c’est de faire partie de cette histoire, car ce que nous avons accompli ensemble est à relever.
En 50 ans, le PSJ a marqué l’histoire du Jura :
- Il a défendu la création du canton avec une vision progressiste.
- Il a été moteur dans de nombreuses politiques publiques, notamment sociales.
- Il a mis en avant la culture, la formation, l’intégration, la justice fiscale, l’égalité des chances.
- Il a été un moteur de l’arrivée et de l’accueil de Moutier dans sa maison jurassienne.
- Durant la décennie écoulée, les femmes ont pris une place toujours plus importante au sein du monde politique et plus particulièrement au sein de notre parti, tant sur le plan électoral qu’au niveau de la direction du Parti. Cette « ascension des femmes » a connu son apothéose avec l’élection d’Elisabeth au Conseil fédéral, la présidence du Parti par Katia, les postes de ministres par Nathalie et Rosalie et celui de conseillère aux Etats par Mathilde. Le groupe parlementaire, quant à lui, sera composé de plus de femmes que d’hommes d’ici la fin de ce mois.
Je m’arrête là, car la liste de nos succès est longue. Mais je tiens à dire que chaque avancée a été un combat. Rien ne nous a été offert. Et surtout, qu’il y a encore du pain sur la planche…
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde secoué par les crises : écologique, sociale, démocratique.
- On parle de sobriété, mais certains continuent d’accumuler.
- On parle d’égalité, mais les écarts se creusent.
- On parle d’avenir, mais les jeunes doutent.
Par conséquent, nos valeurs n’ont jamais été aussi nécessaires. Je veux dire ici aux jeunes, et il y a plusieurs représentants de la Jeunesse socialiste dans cette salle : ce parti est aussi le vôtre.
- 50 ans, ce n’est pas un point final.
- Ce n’est même pas un point d’exclamation.
- C’est une virgule, une respiration avant de continuer la phrase.
- Alors, engagez-vous. Portez la flamme. Donnez-lui vos mots, vos colères, vos rêves.
- Le PSJ, c’est comme un feu de camp.
- On y vient pour se réchauffer, mais aussi pour y ajouter une bûche.
- Depuis 5 décennies, des camarades ont entretenu ce feu. Ce 3 mai 2025, il est encore bien là. Il crépite. À nous de le transmettre. À vous de le nourrir.
Je suis fier d’être président du Parti socialiste jurassien.
- Fier, parce que je suis entouré de personnes qui ne baissent jamais les bras.
- Fier, parce que nous faisons de la politique autrement : humaine, combative, collective.
Et donc, je vous fais une promesse simple :
- Tant qu’il y aura des injustices, nous serons là.
- Tant qu’il y aura des dominations, nous serons là.
- Tant qu’il y aura des gens qui y croient, nous serons là.
Chères et chers camarades, merci à vous toutes et tous pour ces cinq décennies de combat. Et maintenant, en avant pour les 50 prochaines années.
Vive le Parti socialiste jurassien et ce moment de retrouvailles !
Vive la solidarité !
Vive le Jura libre, rouge et vivant !