Le financement des coûts de la santé réclame une vraie réponse

Le Conseiller national Pierre-Alain Fridez a publié ce mercredi une tribune dans le Quotidien jurassien.

Année après année les citoyennes et citoyens de notre pays assistent, impuissants, à l’inexorable progression des coûts de la santé. Les explications sont connues : le vieillissement de la population qui induit une augmentation des maladies chroniques, le développement régulier des moyens diagnostiques et thérapeutiques qui contribuent à l’amélioration de notre état de santé, sans oublier la responsabilité des patients qui demandent toujours plus… mais quelque part à juste titre vu qu’ils s’acquittent de sommes toujours plus conséquentes…

Les particularités du financement de l’assurance maladie

Les coûts de la santé progressent donc sans que l’on ne trouve de solution pertinente, mais ce qui pose surtout cruellement problème aujourd’hui concerne le mode de financement de ces coûts. L’assurance obligatoire des soins, la LAMal, est financée sur la base d’une prime par tête. On ne tient pas compte du revenu comme pour les impôts ou l’AVS. L’assurance –maladie que l’on peut apparenter à un impôt obligatoire représente donc une exception.  Chacune et chacun s’acquitte de la même prime, si l’on excepte une part de la population qui bénéficie du système de réductions des primes. Pour beaucoup, en particulier au sein de la classe moyenne, la charge est devenue insupportable. Quand on sait que chaque assuré devra s’acquitter à travers les primes et la franchise de quelques cinq mille francs avant que sa caisse-maladie ne débourse le premier centime pour lui, on prend la mesure de l’effort qui est demandé à chacune et à chacun… et l’effort est surtout très inégalement réparti, car il est dépendant du revenu…Par exemple pour une famille comptant un couple et deux enfants entre 18 et 25 ans, la douloureuse peut approcher les vingt mille francs par an… C’est insupportable. 

La droite a décidé d’augmenter les franchises…

Les coûts de la santé continuent donc de progresser, et tout le monde prend conscience du fait que les primes deviennent une charge toujours plus lourde. Il faut repenser le système de prélèvement et globalement toute la question du financement. Mais la majorité de droite des chambres fédérales refuse obstinément de remettre en question le principe de la prime par tête. Et face à l’augmentation des coûts, pour soi-disant responsabiliser les patients, comme s’ils ne l’étaient pas déjà suffisamment en payant quelques cinq mille francs par an, ils proposent d’augmenter tout bonnement les franchises…  Dans un premier temps, la franchise de base passerait de Fr. 300.- à Fr. 350.- et serait par la suite automatiquement adaptée en fonction de l’augmentation des coûts. Une proposition inacceptable qui une fois de plus, va surcharger les plus faibles et sera susceptible d’inciter d’aucuns à renoncer à des soins, avec des conséquences possibles pour leur santé. Cette problématique de la renonciation aux soins pour des motifs financiers touche déjà près d’une personne sur cinq dans le pays. Une mesure inopportune, non productive et socialement plus que discutable. 

Alléger plutôt les primes

Le parti socialiste suisse vient de déposer une initiative populaire nettement plus pertinente : elle vise une adaptation de l’effort demandé en fonction de la situation de revenu de chacun.  Plus personne en Suisse ne devrait débourser plus de 10% de son revenu disponible pour payer ses primes de caisse-maladie. Le solde serait pris en charge par un engagement plus important des pouvoirs publics qui se traduirait par un meilleur soutien de la Confédération et des cantons aux revenus moyens et faibles. C’est surtout la Confédération qui s’engagerait davantage en payant les 2/3 des dépenses totales à charges des pouvoirs publics. Le solde serait supporté par les cantons qui déjà actuellement interviennent dans le subventionnement pour la réduction des primes des caisses-maladies. Ainsi les primes redeviendraient supportables.

Les coûts de la santé représentent un défi et surtout un problème pour notre pays. Leur progression doit être contrôlée et stabilisée, mais malheureusement aucun consensus ne s’impose pour l’heure. Mais parallèlement il y a urgence à solutionner la prise en charge des coûts. Ceux-ci doivent impérativement être répartis correctement entre tous les assurés qui seront comme aujourd’hui appelés à contribuer à l’effort commun, mais chacun en fonction de ses moyens. C’est cela véritablement la justice sociale, et c’est sur cette base que notre système de santé pourra perdurer, assurant des prestations de qualité pour toute la population. 

Pierre-Alain Fridez, Conseiller national

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