LPP…peut mieux faire

  par Pierre-Alain Fridez, conseiller national

On a pu lire dans sur le télétexte en date du 14 août dernier le résumé suivant concernant le projet de la réforme de la LPP : « Le projet prévoit une baisse du taux de conversion et une hausse des cotisations en échange d’une meilleure couverture pour les temps partiels ».

Un double sacrifice pour le plus grand nombre, en échange de plus de solidarité pour les bas revenus … Mais le compte y est-il ? Vraiment ? Voyons un peu …

Avec un taux de conversion fixé à 7,2% hier, 6,8% aujourd’hui et demain, si la réforme passe, 6% pour la partie obligatoire (et beaucoup moins déjà maintenant pour la partie surobligatoire), les rentes de la grande majorité des futurs retraités vont baisser sensiblement par rapport aux prévisions passées. Avec en prime pour arriver à ce résultat décevant, une hausse des cotisations, de l’ordre de plus de deux milliards au total dans l’ensemble du pays. Cotiser plus pour recevoir moins … Un sacrifice que l’on justifie, outre l’explication démographique, par l’effort qui sera consenti pour améliorer la situation des personnes dont le capital d’épargne restera très bas après toute une vie de travail.

Mais cette réforme est-elle vraiment aussi sociale que l’on essaie de nous le faire croire ?

Regardons de plus près les mécanismes de « solidarité » mis en place ; afin d’améliorer les rentes des bas revenus et la possibilité facilitée d’accéder au 2ème pilier plusieurs mesures sont proposées :

  • Tout d’abord une baisse du seuil d’accès à la prévoyance professionnelle qui va passer de 22 050 à 19 845 CHF. Rien d’extraordinaire en définitive … vous en conviendrez, avec seulement 70000 personnes supplémentaires qui pourront profiter de cette mesure et cotiser enfin au 2ème pilier, avec le concours de leur employeur (selon le chiffre figurant dans le fascicule électoral).
  • Ensuite un changement dans la déduction de coordination : on va passer d’une déduction d’un montant fixe de 25725 CHF aujourd’hui, à une déduction d’un pourcentage de 20% du salaire brut. Les bas revenus seront effectivement favorisés et les salaires assurés dans la partie obligatoire de la prévoyance professionnelle un peu augmentés, mais au prix d’une augmentation des cotisations, ne l’oublions pas.
  • Enfin, il est prévu d’allouer un supplément de rente pour la génération transitoire, les personnes âgées de plus de 50 ans au moment de la mise en œuvre de la réforme, pour autant que leur avoir de vieillesse soit bas. Jusqu’à 220 000 CHF de capital, ils toucheront 200 CHF par mois à vie, avec une aide dégressive jusqu’à un capital de 440 000 CHF. En définitive, au vu des sommes avancées, une aide largement  insuffisante, surtout susceptible de réduire d’autant le droit aux prestations complémentaires. Alors une arnaque ?

Et comme aujourd’hui toute une partie de la population restera au bord de la route en particulier tous les travailleurs disposant de plusieurs emplois à temps partiel, en grande partie des femmes.

Mais rassurez-vous, cette réforme de la LPP ferait quand même des heureux : les banques, les assurances, les gestionnaires qui continueront à se partager de juteux bénéfices … on parle de 7 milliards par an sur le dos des assurés …

Alors des rentes à la baisse, des cotisations à la hausse et une solidarité limitée et bien imparfaite, cette réforme ne vaut pas le coup. Peut mieux faire !

Le deuxième pilier s’apparente à une monstrueuse usine à gaz où beaucoup se gavent au passage, au contraire du premier pilier, l’AVS, un formidable outil de solidarité et de redistribution sociale. Pour nos retraites, misons sur plus d’AVS et moins de LPP.

En ce début d’année nous avons dit OUI à une 13ème rente AVS, aujourd’hui disons NON à la réforme bancale de la LPP.

Publié dans Le Quotidien jurassien du 11 septembre 2024

                                        

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