Quand les professions les plus dévalorisées deviennent pilier de la crise sanitaire

Le 1er  mai est le jour où nous célébrons les travailleuses et travailleurs, ces femmes et ces hommes ont obtenu des droits, au prix de luttes et parfois au péril de leur vie. Aujourd’hui, il est opportun de se rappeler l’histoire avec humilité et de continuer la lutte pour construire un avenir serein, pour toutes et tous.  Si les rassemblements sont cette année « aux abonnés absents », les revendications sont quant à elles bien présentes.

Ces métiers, piliers de tout un pays 

La crise sanitaire du coronavirus qui sévit actuellement a permis de révéler à celles et ceux qui en doutaient encore que les métiers essentiels de notre société sont aussi les plus dévalorisés. A l’image du cœur, moteur fondamental de l’organisme, les travailleuses et les travailleurs des métiers les plus dévalorisés et les plus précarisés, sont bien celles et ceux sans qui notre société n’aurait pu poursuivre ses activités de base durant la crise. Ce ne sont pas les cadres des sphères dirigeantes des entreprises, ayant eu la chance de pratiquer le télétravail qui ont fait fonctionner le pays, mais bien les infirmier·ère·s, les vendeur·euse·s, les assistant·e·s en soin, les facteur·rice·s, les éboueur·euse·s, le personnel de nettoyage, qui, en première ligne, n’ont pas hésité à risquer leur vie pour prendre soin de nous, s’engager et permettre à la société de faire face à cette situation difficile liée à la pandémie.  

Pour rappel, en février dernier, les salaires proposés par le projet de contrat-type du Gouvernement jurassien pour le personnel de la vente dans le commerce de détail, étaient inférieurs au salaire minimum cantonal. La JSJ et le PSJ s’y sont fermement opposé. Si ces professions étaient donc déjà soumises à des conditions précaires au préalable, la crise qui sévit actuellement ne fait que mettre en exergue les inégalités sociales et la nécessité de revaloriser absolument ces corps de métiers. 

Pour certain·e·s, la crise est aussi synonyme de manque à gagner. Au chômage partiel, ces personnes peuvent voir leur salaire amputé de 20 %, alors que leurs charges, elles, ne diminuent pas. Les travailleurs et travailleuses dont le salaire avoisine le salaire minimum jurassien, seuil minimum permettant de vivre de son travail sans devoir recourir à l’aide sociale, se retrouvent, de facto, dans une situation financière très délicate et pour le moins inacceptable.

Des femmes en première ligne

Dans le secteur de la santé, 76% des travailleurs sont des travailleuses ! Alors qu’il est déjà sous pression, le personnel de soin des hôpitaux s’est vu imposer, la suspension temporaire de l’application des dispositions de la loi sur le travail concernant le temps de travail et de repos, ceci au détriment de sa santé physique et psychique. Cette attaque frontale et brutale au noyau dur d’une réglementation fondamentale en matière de santé et de la sécurité au travail est constitutive d’une atteinte crasse aux droits des soignant·e·s, les besoins de protection des employé·e·s sur le lieu de travail n’étant pas moins importants en période de pandémie, bien au contraire. 

On peut encore mentionner le travail important réalisé dans le domaine des soins à domicile, également majoritairement féminin, qui a notamment permis de décharger les hôpitaux. Pourtant, les aides-soignantes, gestionnaire en économie familiale et infirmières actives dans ce domaine souffrent, elles aussi, de salaires peu valorisés et de conditions de travail de plus en plus précaires.

Enfin, si les femmes sont majoritaires dans les métiers de la santé, elles le sont également dans le domaine du travail social et dans celui de la vente, toutes ces professions appartenant à l’économie dite « du care ». La crise sanitaire a poussé les travailleuses actives dans ces différents domaines sous le feu des projecteurs et il est certain que cela a permis de mettre en évidence leur contribution fondamentale et inestimable pour la société. Il faudra se souvenir, une fois l’orage passé, que toutes ces professions, exercées majoritairement par des femmes, méritent enfin une vraie reconnaissance et les conditions de travail qui leur sont dues.

Passer des mots aux actes

Les travailleuses et les travailleurs méritent des applaudissements certes, mais bien plus. Aussi, en cette journée de lutte des travailleur·euse·s, la Jeunesse socialiste jurassienne et le Parti socialiste jurassien attendent une protection accrue des personnes actives dans le domaine de la santé, le respect de l’égalité salariale, le maintien des salaires à 100 % en cas de chômage partiel pour les personnes disposant de bas salaires ainsi qu’une revalorisation de certaines professions précaires dont l’utilité sociale est incontestable. 

Delémont, le 1er mai 2020 / Jeunesse socialiste jurassienne et Parti socialiste jurassien

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