Une vague violette n’y suffira pas …notre engagement y contribuera!

Vendredi 14 juin 2019 à 15h24, un demi-million de personnes marchaient, entonnaient des slogans dans une ambiance fraternelle. A la campagne et en ville, à Zurich, à Bellinzone, à Berne, à Lausanne, à Saignelégier, à Bassecourt, à Porrentruy et à Moutier, des collectifs de femmes avaient rassemblé des témoignages, préparé des panneaux, imaginé des rendez-vous diversifiés et multiples avant de converger vers des manifestations plus régionales. On attendait du monde ; d’aucuns considéraient toutefois ce 14 juin comme un énième rendez-vous de féministes… Ce fut une mobilisation historique. 

A Delémont, le rassemblement et le cortège furent extraordinaires aussi. On se souvient avec émotion du pont de la Blancherie avec des femmes et des hommes de toutes les générations, de toutes les origines sociales qui marchaient à perte de vue pour plus d’égalité. Sous un soleil éclatant, la foule partageait des revendications, en particulier la nécessité d’obtenir enfin l’égalité salariale, un meilleur partage du temps de travail, une organisation familiale solidaire, des rentes pour vivre dignement, le respect des droits fondamentaux, comme le droit d’asile, la lutte contre les violences sexistes, homophobes et transphobes, la lutte contre les violences domestiques ou encore la dénonciation du harcèlement de rue.

La journée et la soirée furent une respiration porteuse d’espoir. L’écho de la rue a résonné lors des élections fédérales, avec enfin plus d’élues.

Une année plus tard, la parole collective libérée de ce 14 juin est moins joyeuse, moins puissante. 

On peut se réjouir de l’acceptation massive de l’interdiction de la discrimination en raison de l’orientation sexuelle au mois de février. 

On peut apprécier, qu’après avoir tergiversé, le Gouvernement jurassien a décidé d’augmenter les plus bas salaires lors de la reconduction du contrat-type de travail impératif pour le personnel de la vente avec le respect de la limite inférieure des 20 francs, se mettant ainsi en conformité avec l’introduction du salaire minimum au 1er février 2020.

On ne peut malheureusement pas se réjouir des inégalités salariales persistantes, des difficultés de jongler entre vie familiale et vie professionnelle, du discours critique à l’encontre du modeste congé paternité de deux semaines sur lequel nous voterons ce 27 septembre prochain ou encore des propos alarmistes en matière de droit d’asile.

L’égalité est une cause si fondamentale qu’elle implique un travail de longue haleine, bousculant les mentalités et affirmant jour après jour des vérités qu’on ne veut ou n’aime ni entendre, ni voir. Ainsi, la crise du Coronavirus aura montré à quel point, les emplois « féminins » sont en première ligne, notamment dans le domaine de la santé, du commerce de détail, de la garde d’enfants. Les applaudissements du soir devront trouver des réponses concrètes en matière de conditions de travail et de valorisation salariale.

Contrairement à la journée du 14 juin 2019, une année plus tard, le constat n’est pas chatoyant. Pour que l’égalité progresse nous devons persévérer et continuer à reconnaitre, à revendiquer, à respecter, à protéger, à alerter, à dénoncer, à écouter, à relayer, à militer …. Autant d’actions à mener ensemble, pour ne rien lâcher et pas à pas, main dans la main, avec solidarité, courage, fierté, détermination et responsabilité, conquérir ces parcelles d’égalité si vitales pour que la vie quotidienne de chacune et de chacun soit plus digne et pour que la prospérité soit mieux partagée. 

Les Breuleux, le 12 juin 2020 / Elisabeth Baume-Schneider, Conseillère aux Etats

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